Droits de l’Homme aujourd’hui : bonne ou mauvaise conscience ?
Par Anne-Marie Goussard, présidente de la SIDH France
Titre délibérément provocateur : à quoi servent les droits de l’homme aujourd’hui ?
Milite-t-on pour les Droits de l’Homme pour se donner bonne conscience ? On s’achète une bonne conscience pour pas cher. On est quelqu’un de bien : on milite pour les droits de l’homme. En tous cas, on dit qu’on est « pour ». Comment d’ailleurs oser dire être « contre » ? On est « pour » les Droits de l’Homme et en même temps on n’est pas « droits-de-l’hommiste ».
Le concept de Droits de l’Homme n’est il là que pour nous culpabiliser, nous donner mauvaise conscience ? On commence à comprendre que BHL en Lybie, c’était un peu courte vue. On se souvient qu’après tout le mandat de l’ONU consistait à éviter un bain de sang à Bengazi et non à éliminer Kadhafi ? On a un peu mauvaise conscience face au désastre qui a suivi et à la déstabilisation générale de la région.
Dans la galaxie des mouvements en faveur des Droits de l’homme qui se sont créés dans les années 70, la Société Internationale pour les Droits de l’Homme n’a jamais cherché à se donner bonne conscience, histoire de ne pas risquer un jour d’avoir mauvaise conscience.
A l’origine son positionnement original l’amène à contre courant de la pensée dominante
- à refuser de mettre tout les systèmes sur le même plan,
- à s’attaquer aux causes et non aux conséquences,
- à préférer l’analyse géopolitique globale dans le temps et dans l’espace à la réaction émotionnelle.
Elle considère les droits de la première génération comme fondateurs et incontournables : liberté d’expression, liberté d’association, liberté de la presse, le droit de vote, la séparation des pouvoirs.
Ils constituent le socle de la pyramide de Masslow des droits de l’homme. Ils ne peuvent en aucun cas être sacrifiés pour les droits des générations suivantes (économiques et sociales).
Ainsi, pour nous, on ne touchera pas à la liberté d’expression pour le droit à un air pur.
La SIDH n’a pas peur de la polémique. Elle n’a pas peur du politiquement incorrect. Elle est libre. Elle se bat pour ses idées. Point.
Notre vision des droits de l’homme n’est pas neutre. Nous sommes engagés pour la liberté et la liberté a des ennemis. Nous nous situons dans une perspective géopolitique fondée sur les valeurs de l’occident et nos valeurs ont des ennemis.
La SIDH ne cherche pas à rassembler mais à témoigner.
Anne-Marie Goussard, présidente de la SIDH France.