Chine : l’affaire Wang Yu s’aggrave
Le 9 juillet, en pleine nuit, la police de Pékin arrêtait Me Wang Yu, avocate chinoise âge de 44 ans. Elle a en effet défendu toutes sortes de victimes de la persécution communiste, depuis l’universitaire ouïgour Ilham Tohti jusqu’aux membres du mouvement religieux interdit Falun Gong. Et son crime est de militer pour les libertés que persiste à bafouer le régime toujours encadré par le parti unique.
Depuis bientôt 3 mois Me Wang Yu a disparu. Dix jours après son arrestation un reportage sur la télévision d’État CCTV lui était consacré la montrant protestant, deux mois plus tôt, dans un tribunal de Shenyang contre le comportement d’hommes en uniforme. Sans expliquer les raisons de cette colère la télévision chinoise en stigmatisait le caractère « inacceptable ».
Le 2 septembre le Guardian pouvait présenter cette affaire comme « le point de départ d’une répression sans précédent à l’encontre de la communauté des dissidents chinois. ».
Pendant l’été, en effet, les quelques douzaines de juristes attachés à défendre les chrétiens des catacombes, les dissidents politiques ou les militants syndicaux avaient été détenus et interrogés dans tout le pays les médias étatisés les qualifiant de « bande criminelle organisée ».
Plus de 20 personnes ont dans ce contexte été signalées comm disparues par leurs entourages.
Yu Wen-sheng juriste de Pékin, qui connaissait Wang Yu, a été arrêté et gardé à vue 24 heures pour avoir simplement parlé contre cette vague de répression déclarait à ce sujet être en présence d’un « scénario tout a fait effrayant ».
À noter que le président Obama, alerté, a fait savoir qu’il envisageait d’annuler la première visite d’État de Xi Jin-ping aux États-Unis, laquelle s’est déroulée le 22 septembre « sur fond de méfiance »d’après le commentaire de Libération, cependant que le 20 octobre le dictateur chinois était reçu à Buckingham Palace.
Toujours tenue au secret, Maître Wang Yu est « aux mains de policiers de Tianjin, la localité d’origine de son mari, qui a également été arrêté » précisait Le Monde le 25 septembre. L’affaire s’est encore aggravée le 6 octobre. Leur fils âgé de 16 ans, Bao Zhuo-xuan, d’après les informations données par Brice Pedroletti correspondant du Monde à Pékin :
(…) a été intercepté le 6 octobre à la frontière sino-birmane où des amis de ses parents l’avaient conduit pour tenter de lui faire gagner les États-Unis, avec l’idée qu’il y poursuive ses études sans crainte de se retrouver « otage » des autorités chinoises. Sa détention par la police birmane dans la ville frontalière de Mongla a vite mis la puce à l’oreille aux organisations des droits de l’homme.
De fait, le lycéen a resurgi chez ses grands-parents en Chine, où il est désormais surveillé de près par les autorités.
Et sa « mésaventure » a aussitôt été exploitée par la propagande pour dénoncer un complot de l’Occident : la télévision centrale chinoise, CCTV, a commencé par diffuser, le 17 octobre, un long reportage reconstituant le périple du jeune Bao et de ses « ravisseurs ».
On y voit son père et sa mère, décrits comme des « suspects » du cabinet « criminel » d’avocats Feng Rui, apprenant depuis la prison, par le biais des enquêteurs, les risques que des individus mal intentionnés ont fait prendre à leur fils : « [Le père] ne pouvait plus se contrôler quand on lui a dit qu’on avait fait passer son fils de l’autre côté de la frontière et il n’arrêtait pas de demander qui avait organisé ça. [La mère] Wang Yu s’est évanouie quand on lui a appris la nouvelle« , explique le reportage, qui montre celle-ci, remerciant d’une voix blanche la police chinoise de la « protection » accordée à son fils. (…).
L’instrumentalisation de l’affaire par les médias officiels chinois, souligne le correspondant du Monde est pour le moins grossière : ceux-ci omettent d’expliquer les circonstances de la détention des parents du jeune Bao.(…)
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