Défendre les Droits de l’Homme aujourd’hui a-t-il un sens ?
Les droits de l’homme seront-ils un jour hors de portée de ceux qui ne les aiment pas ? La réponse est certainement « Non ». Il y aura toujours des gouvernements, des forces politiques ou d’autres courants d’idées pour contester le caractère universel des droits de l’homme et expliquer que dans telle zone géographique ou humaine il y a des spécificités qui conduisent à mettre en oeuvre une politique restrictive, voire à nier totalement les droits les plus fondamentaux. La motivation peut être idéologique ou religieuse, voire simplement politique. Peu importe. Ce début de XXIe siècle offre encore – et malheureusement – de nombreux exemples de ce genre.
Lorsque les dirigeants chinois expliquent que le modèle européen des droits de l’homme n’est pas issu de la culture traditionnelle de la Chine, ils ont sans doute raison. Mais en même temps, notre conviction d’une égalité universelle des hommes et des femmes et de leurs droits individuels ne peut s’arrêter aux frontières d’un pays ou d’une civilisation, fut-elle une des plus brillantes du monde.
Lorsque les responsables de pays du Sud considèrent que le droit au développement peut s’accompagner des restrictions en matières de libertés publiques, ils oublient que le premier des droits de l’être humain, c’est de pouvoir s’exprimer sans contrainte et de prendre en main son destin et celui de sa famille. Certes la faim et le sous-emploi ne favorisent guère l’épanouissement des droits de l’homme, mais il n’y a pas d’excuse à la contrainte collective.
Lorsque des responsables religieux – et pas uniquement musulmans – assènent que la volonté de Dieu, telle qu’ils l’interprètent, est supérieure à toute autre expression de la volonté générale, il faut revenir à la liberté individuelle et la valeur de l’esprit critique, y compris en matière religieuse.
Lorsque, même à l’intérieur de l’Europe ou en Amérique du nord, certains gouvernements justifient les atteintes aux droits de l’homme par la fidélité à l’histoire ou les nécessités de la lutte contre le terrorisme, il faut rappeler les textes de base de la Déclaration d’indépendance des États-Unis ou la Déclaration des droits de l’homme de 1789, sans oublier la Convention européenne des droits de l’homme.
La liste pourrait être allongée ou contenir plus d’exemples concrets. Tous les jours la lecture des journaux ou les émissions de télévision nous apportent leur lot de violences contraires à la dignité humaine, de procès où les droits de la défense sont absents, d’oublis de la liberté d’expression ou de discriminations à l’égard des femmes ou d’autres groupes ou individus. Nous taire, nous qui sommes dans une zone relativement protégée, est un aveu de faiblesse et d’égoïsme. Même si nos moyens sont limités, nous devons croire à la force du message, à la force de la répétition, à la force de la manifestation et, surtout, à la force de nos valeurs. Écrire, parler, communiquer sur les droits de l’homme, aider, soutenir, assister ceux qui se battent pour eux justifient encore notre engagement.
Didier MAUS