Venezuela : Entre crise politique et exode massif
I. La situation politique actuelle
Crise Politique
• Élections Contestées : Maduro a été déclaré vainqueur avec 52 % des voix, suite à
l’élection du 28 juillet dernier, mais l’opposition, représentée par Edmundo González un ancien diplomate et président d’un parti politique d’opposition, le MUD, affirme avoir remporté le scrutin avec 67 %. Les résultats officiels n’ont pas été publiés, ce qui alimente les tensions.
• Manifestations et Répression : Depuis l’annonce des résultats, des manifestations ont éclaté, accompagnées d’une répression violente. Au moins 25 personnes ont été tuée et 192 blessées lors des troubles post-électoraux. L’ONG Foro Penal signale des détentions arbitraires massives, avec plus de 2 400 arrestations depuis le 29 juillet.
Répression des Opposants
• Opposition Emprisonnée : Plus de 2 000 opposants sont actuellement incarcérés,
souvent sous des accusations de terrorisme. Le gouvernement justifie ces arrestations comme nécessaires pour maintenir l’ordre.
• Climat de Peur : Une opération policière nommée « Toc-toc » a été lancée pour arrêter ceux qui ont voté contre Maduro ou participé aux manifestations. Cela crée un climat de peur parmi la population.
Réactions Internationales
• Division Internationale : La communauté internationale est divisée. Des pays comme les États-Unis et certains membres de l’Union Européenne ne reconnaissent pas les résultats des élections, tandis que d’autres, notamment certains pays de l’OECS, soutiennent Maduro.
• Appels à la Médiation : Des spécialistes suggèrent que la médiation internationale
pourrait être une solution pour mettre fin aux violences, tandis que d’autres prévoient un possible affrontement entre le régime et l’opposition.
En résumé, le Venezuela est plongé dans une crise profonde, avec une forte répression des opposants politiques et une population en proie à la violence et à l’incertitude quant à son avenir politique.
II. L’exode massif des Vénézuéliens
• Plus de 7 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays depuis 2014
◦ C’est comme si toute la population de la Suisse décidait soudainement de
déménager
◦ Principales destinations : Colombie, Pérou, Équateur, Chili, États-Unis
• Raisons de cet exode :
◦ Crise économique : l’inflation est tellement élevée que les billets de banque
servent de papier peint
◦ Insécurité : marcher dans certaines rues est plus dangereux qu’un rodéo avec
des taureaux enragés
◦ Pénuries : faire ses courses ressemble à une chasse au trésor, sans le côté fun
III. Persécution politique depuis 2012
• 2012-2013 : Mort de Hugo Chávez et arrivée au pouvoir de Nicolás Maduro
◦ Passage du « Chavisme » au « Madurisme »
• 2014 : Premières grandes manifestations contre Maduro
◦ Répression violente, emprisonnement de leaders de l’opposition
◦ Leopoldo López devient le prisonnier politique le plus célèbre du pays
• 2015-2016 : L’opposition remporte les élections législatives
◦ Maduro crée une Assemblée constituante pour court-circuiter le Parlement
• 2017-2018 : Intensification de la répression
◦ Manifestations massives, plus de 100 morts
◦ Élections présidentielles contestées, Maduro réélu dans un scrutin boycotté par l’opposition
• 2019-2021 : Crise de la présidence parallèle
◦ Juan Guaidó s’autoproclame président par intérim
◦ Reconnaissance internationale divisée
• 2022-2024 : Tentatives de dialogue et nouvelles tensions
◦ Négociations à Mexico entre le gouvernement et l’opposition
◦ Interdiction de candidature pour María Corina Machado, figure de l’opposition
Au Venezuela, la situation des opposants politiques reste préoccupante. Actuellement, plus de 2 000 opposants sont incarcérés, souvent pour des accusations de terrorisme et de conspiration. Selon des rapports d’organisations de défense des droits humains, environ 280 personnes sont maintenues en détention arbitraire pour des motifs politiques.
Les arrestations et détentions arbitraires sont une pratique courante du gouvernement de Nicolás Maduro, qui a été accusé de répression systématique contre la dissidence. Des organisations comme Amnesty International et le Forum pénal signalent que ces détentions sont souvent accompagnées de violations des droits humains, y compris la torture et les disparitions forcées.
Plusieurs gouvernements, notamment ceux des États-Unis et de l’Union Européenne, ont refusé de reconnaître les résultats des élections présidentielles contestées et ont exprimé leur soutien à l’opposition. Ils demandent également la libération des prisonniers politiques Edmundo González aurait obtenu environ 67 % des voix contre 30 % pour Nicolás Maduro.
Il a déclaré son intention de retourner au Venezuela pour prendre ses fonctions le 10 janvier 2025, affirmant qu’il se basait sur la volonté populaire de près de huit millions de Vénézuéliens qui l’ont élu. Il espère que les conditions politiques permettront son retour avant cette date.
IV. Solutions proposées à la crise
La situation au Venezuela est critique et plusieurs solutions ont été proposées pour sortir de la crise actuelle. Voici un aperçu des options envisagées :
1. Médiation Internationale
• Dialogue sous l’égide de pays tiers : La médiation par des pays comme le Brésil, la
Colombie et le Mexique a été suggérée comme une voie pour établir un dialogue
entre le gouvernement et l’opposition. Cela pourrait faciliter une transition démocratique, un partage du pouvoir ou même l’organisation de nouvelles élections.
2. Réformes Économiques
• Stabilisation économique : Des économistes recommandent des réformes pour mettre fin au double taux de change et instaurer un taux flexible. Cela pourrait aider à stabiliser l’économie vénézuélienne, qui souffre d’hyperinflation et de pénuries.
• Subventions sociales : Une politique de subventions massives pour aider les
populations les plus vulnérables est également préconisée, afin d’atténuer les effets de la crise économique sur la population.
3. Consultation Populaire
• Sondages favorables au dialogue : Selon des enquêtes, environ 59 % des
Vénézuéliens soutiennent le dialogue comme moyen de résoudre la crise. Cela
souligne l’importance d’impliquer la population dans le processus décisionnel.
4. Pression Diplomatique et Sanctions
• Sanctions ciblées : Les sanctions économiques imposées par les États-Unis et l’Union Européenne ont été une stratégie pour faire pression sur le régime de Maduro.
Toutefois, leur efficacité reste débattue. Un assouplissement des sanctions pourrait
être envisagé si des progrès sont réalisés vers une élection libre.
5. Mobilisation Sociale
• Mobilisation de la société civile : Une autre option consiste à renforcer la
mobilisation sociale pour faire pression sur le gouvernement, bien que cela comporte des risques d’affrontements violents. En résumé, une combinaison de médiation internationale, de réformes économiques, d’engagement populaire et de pression diplomatique pourrait constituer une approche viable pour sortir le Venezuela de sa crise actuelle.
Conclusion
Le Venezuela est comme un patient en soins intensifs : il a besoin d’une thérapie d’urgence, mais aussi d’un traitement de fond. La route vers la démocratie et la prospérité sera longue, mais avec de la volonté politique et du soutien international, le pays pourrait retrouver sa place parmi les nations stables et prospères d’Amérique latine. En attendant, les Vénézuéliens continuent de faire preuve d’une résilience admirable, prouvant que même dans les moments les plus sombres, l’espoir et l’humour restent leur meilleure arme.
Delphine Patetif
Delphine Patetif est membre de la Société internationale des droits de l’Homme. Franco-vénézuélienne, elle est juriste internationale, spécialiste de la restauration de l’État de droit en situation de post-conflit, de la prévention des conflits, de la justice pénale internationale. Elle a notamment été en poste à Caracas récemment.